knock, knock, dear friend • w/ zachariah

Survivre.
Une tâche ardue quand on y connaissait rien. Heureusement, Zaya avait eu le meilleur mentor possible. Il lui avait appris à se battre, à trouver de la nourriture au bon endroit, à manier une arme, à courir plus vite que ses poumons pouvaient lui permettre. John n’avait jamais été un homme très démonstratif mais elle avait toujours su qu’il l’aimait profondément, qu’il ferait tout pour elle. Maintes et maintes fois, au début, ils s’étaient gueulés l’un sur l’autre, chacun haussant davantage la voix pour se faire entendre. La confiance n’avait pas été quelque chose de facile à gagner des deux côtés, mais finalement, ils avaient appris à communiquer.
Jusqu’au dernier instant, il s’était battu pour qu’elle reste en vie, elle en était persuadée. En vérité, elle n’avait pas vu toute la scène. Il lui avait demandé de courir et elle avait détalé ventre à terre comme une lionne en fuite. Elle avait entendu une détonation alors qu’elle se faufilait dans des conduits souterrains qu’elle connaissait par cœur, puis elle avait filé hors de la ville dans laquelle ils se cachaient. Des jours durant, elle avait senti les chasseurs sur ses traces, elle avait même cru entendre le battement accéléré de leur cœur. Et puis, du jour au lendemain, elle avait cessé de les entendre, comme s’ils avaient abandonné.

Zaya posa une main tremblante sur le médaillon qu’elle portait autour du cou et se ressaisit, replongeant ses mains dans la terre. Depuis quelques mois, elle avait élu domicile dans une vieille maison abandonnée aux abords de Dawncity. Elle essayait tant bien que mal de faire pousser des pommes de terre dans le jardin, mais sans John, elle avait le sentiment qu’elle n’arrivait à rien. À peine quelques mois qu’il n’était plus là et elle se rendait compte qu’elle avait encore tellement de choses à apprendre de la survie. Et elle avait surtout besoin de lui pour lui donner confiance en elle. « Putain ! » lâcha-t-elle alors qu’elle voyait que rien ne poussait. Dérangeant la tranquillité de la forêt adjacente, elle vit se déployer un vol d’oiseau et ses oreilles de lionne se rabattirent instinctivement en arrière. Ne pas faire de bruit. Il te l’a appris, pourtant.
Ayant la sensation d’entendre des bruissements de pas venant de la forêt, elle se tourna vers sa maison. Le bois grinça à l’intérieur alors qu’elle s’en approchait. D’instinct, elle recula, se tournant vers la ville. Le vent fondit sur elle comme pour lui dire de reculer, lui amenant par la même occasion une odeur humaine. Se sentant prise au piège, la jeune femme courut malgré tout dans la maison et fila dans une chambre où elle glissa sous des lattes de bois. L’odeur était étouffante, des bestioles avaient élu domicile ici, la poussière chatouillait son nez, mais elle savait qu’elle n’aurait pas meilleur refuge.

Le monde n'était plus que folie. Même lui y avait cédé, pendant de longs moments. A tel point qu'il ne savait plus se reconnaître dans un miroir. Depuis que les hybrides étaient apparus, des clans s'étaient formés auprès de la population restante. Car oui, entre ceux décimés par le virus, les hybrides, et les soldats, des choix avaient du être faits. Et Zach avait été un de ces derniers. Un soldat. Ancien marine des États-Unis d'Amérique, lorsque le virus était apparu il avait été envoyé sur la terre ferme, chargé de protéger la population restante. Lorsque les premiers hybrides étaient apparus, on lui avait demandé de les éliminer, en silence, les faisant passer pour des morts naturelles jusqu'à ce que cela devienne trop flagrant. Jusqu'à ce que lui-même ouvre les yeux sur les atrocités qu'il avait commis. La fuite avait alors été sa seule option, et depuis il errait en solitaire, à la recherche d'un pardon qu'il n'obtiendrait jamais. Il avait été chasseur, un monstre, un robot. Aujourd'hui, il n'était plus rien. Un survivant, uniquement.

Ces dernières semaines, Zachariah avait suivi un groupe de chasseurs qui erraient entre une ville et une forêt, certainement à la recherche d'hybrides. Il avait observé leurs faits et gestes, il avait assisté à des choses qu'il préfèrerait oublier, mais dont les images restaient gravées dans son esprit. Perché dans un arbre, observant avec ses jumelles une petite maisonnée à l'orée de la forêt, Zach essayait de détecter la moindre trace humaine ou hybride qui pouvait y vivre. Il avait entendu le groupe parler de cette maison, élaborer une attaque pour y sortir "la vermine" qui s'y trouve. Profitant d'un moment calme hors de la vue des chasseurs, le soldat décide de descendre de son arbre pour rejoindre la maison, poussant doucement la porte avant d'observer l'intérieur.

C'est là qu'il la vit. Les deux mains dans la terre, il ne voyait au départ que son dos. Des cheveux blonds flottant dans son dos, une silhouette. C'était probablement la "vermine" qu'ils souhaitaient éliminer. Il avait été de ceux qui tuaient les hybrides, mais aujourd'hui Zachariah ne parvenait plus à comprendre. Dans un monde où la population diminue de jour en jour, pourquoi continuer d'éliminer des êtres vivants ? Cependant, gardant la main sur son couteau, il observe la maison de ses pas discrets, ne manquant pour autant pas de faire grincer quelques planches. Alerté alors par une élévation de voix venant de l'extérieur, Zach se précipite dans une chambre avant de se glisser dans ce qui semble être une ouverture discrète dans le mur, derrière des lattes. Ne pas se faire repérer, pas pour le moment. Si il avait rebroussé chemin, il serait potentiellement tombé sur l'hybride, ou bien sur les chasseurs, et il n'a pas forcément envie d'un tête à tête en ce moment.

Pourtant, il semble ne pas pouvoir y échapper, quand une silhouette se glisse à la hâte dans la même ouverture que lui. L'odeur délicate de la terre fraîchement retournée vient lui chatouiller les narines, et Zachariah fait rapidement le lien avec la potentielle hybride qu'il a du voir dehors. Celle que les chasseurs sont probablement entrain de chercher, peut-être dans la maison là aussi. D'un geste alors sur et rapide, Zach plaque sa main sur la bouche de la jeune femme, attirant le corps de cette dernière contre le sien pour l'éloigner de l'ouverture, l'attirer un peu plus dans l'ombre de cette endroit exigu. Ses lèvres tout près de l'oreille de la jeune femme, sans en remarquer la particularité pour le moment dû à l'obscurité, il murmure, entendant des grincements provenir du rez-de-chaussée. " Ne faites pas de bruit, ils sont à votre recherche depuis des semaines. "

La petite blonde hargneuse s'attendait à tout : à voir un animal surgit de la forêt, un autre hybride fuyant des chasseurs ou essayant de trouver refuge dans sa maison. Elle s'attendait aussi à ceux qui la traquaient, qui devait la chercher dans la ville et qui avait entendu son juron. Elle s'attendait même à une apparition inespérée de John, survivant impossible d'un meurtre inévitable. Mais quand une main se posa sur sa bouche alors qu'elle venait de se glisser dans la fente sur mur, elle retint un hurlement de frayeur. L'odeur de l'homme n'avait rien de familier, sa main ne sentait rien de particulier. Pas d'effluve boisée pour lui rappeler la forêt, ni d'odeur nauséabonde et métallique des hommes-chasseurs, nés pour traquer. Il y avait seulement la sienne, puissante dû sûrement au manque d'hygiène, mais pas non plus complètement désagréable. Il faut dire que les odeurs florales contenues dans les parfums humains étaient moins appréciables que la véritable odeur d'un être vivant. Il y avait seulement le remugle des lattes de bois qui l'aurait fait remuer le museau si elle avait pu.

Pendant un instant, elle tenta de se débattre mais l'espace était trop étroit. Finalement, elle entendit sa voix souffler dans son oreille, si bien qu'elle agita cette dernière, légèrement gênée comme si on venait de la chatouiller. Elle écouta le sens de ses paroles, bien que son cœur battait la chamade. Elle aurait pu le considérer comme un être peu dangereux si elle n’avait pas été une hybride traquée toute sa vie pour ce qu’elle était. Au lieu de quoi, elle attendit quelques instants à ses côtés, le temps que les voix extérieures s’éloignent.
La galopante de son palpitant ne se calmait pas, des pas s’approchant de la maison. Elle avait envie de sortir de sa cachette et de fuir dans la forêt en courant à toute allure comme une biche prenant la fuite au moindre signe de danger. Seulement, elle savait que s’extirper de cet endroit ne serait pas aisé et qu’elle risquait de se faire choper avant même d’avoir eu le temps de quitter la maison.

« Je peux savoir ce que vous foutez chez moi ? » finit-elle par l’incendier en chuchotant, restant dos à lui, dans cette proximité inattendue. L’agressivité de ses mots lui faisait bien comprendre qu’il n’était pas le bienvenu ici. Puis, d’aussi loin qu’elle le savait, il faisait peut-être semblant de se cacher et il allait la livrer aux chasseurs pour recevoir un butin. Il suffisait que sa tête soit mise à prix, la femme-lionne, pour que tout le monde cherche à s’accaparer du butin.
« Viens, on va checker le magasin d’abord. elles adorent s’cacher dans ces trucs-là, ces sales putains de bêtes. Ils croivent qu’on les trouv’ra pas mais y savent pas qu’on c’nnait tous les recoins. Y nous prennent pour des cons … » Les éclats de grondement s’évanouirent progressivement, permettant à Zaya de souffler, après avoir retenu sa respiration pendant un long moment. « C’est le moment ou jamais de partir. » Elle commença à se mouvoir pour s'extirper de sa cachette et profiter de ce temps de répit pour s’éclipser. Qui sait, peut-être qu’elle pourrait atteindre la forêt avant qu’ils ne la voient ?

Se cacher dans le mur d’une hybride, il avait déjà eu de meilleurs plans. Lui qui faisait son possible pour éviter toute confrontation, qu'elle soit humaine ou hybride, était là à serrer le corps de cette demoiselle contre le sien, sa main sur sa bouche en espérant qu’ils ne se fassent pas repérer. Il était loin d’avoir envie de se battre à cet instant. Il était épuisé après de nombreuses semaines de traque après ces chasseurs. Épuisé de toutes les horreurs qu’il a pu voir, et commettre par le passé. Alors se battre contre un groupe d’individus, ou contre cette hybride qu’il tient contre elle, espérant qu’elle reste silencieuse. Doucement, sa main se détache de sa bouche pour la laisser respirer, levant les yeux au ciel en l’entendant chuchoter aussitôt. “ Je vous sauve la vie. Taisez vous. ” Il chuchote aussi, dans son oreille, espérant que personne ne l’entende.

Mais les voix des chasseurs s’éloignent, petit à petit. Ils parlent d’un magasin. Zachariah réfléchit quelques secondes avant de laisser la demoiselle s’éloigner, puis il la rattrape du poignet, délicatement, veillant à ne pas trop serrer sa poigne. “ Attendez. Attendez encore un peu. C’est un de leur truc.. Ils parlent d’un endroit, et ils attendent ensuite de voir si quelqu’un sort de la maison en pensant être tranquille.. Ne vous faites pas avoir.. ” Il murmure toujours, sa main autour du poignet de la jeune femme. Avec la légère luminosité de la chambre, il remarque ses particularités. Pour autant, il ne dit rien, continuant de l’observer avant d’inspirer, n’osant pas marcher de peur de faire craquer les lattes, et de se faire ainsi repérer. Il faut attendre de longues minutes, pendant lesquelles il reste immobile. Enfin, alors, il la lâche, marchant à pas feutrés jusqu’à la fenêtre pour voir les chasseurs s’éloigner définitivement de la maison, reprenant le chemin sans un regard en arrière.

Zaya n’avait qu’une idée en tête : rejoindre la forêt. Elle devait échapper à ces chasseurs qui n’avaient sûrement qu’une idée en tête : s’emparer d’elle pour se faire un paquet d’argent et vivre leur meilleure vie pendant qu’elle croupirait dans une cage. Elle se voyait déjà, enfermée entre quatre barreaux, enchaînée, se débattant comme elle peut, crachant sur les passants. Elle deviendrait une bête de foire, soit elle serait vendue au plus offrant, soit elle servirait d’esclave dans des circonstances atroces. Dans le pire des cas, elle deviendrait un rat de laboratoire où les scientifiques les plus aguerris chercheraient à extraire et à comprendre tous les mystères de sa condition.
La vie d’hybride n’avait rien d’un cadeau, même si elle possédait les caractéristiques physiques (visibles ou non) d’une lionne, Zaya avait toujours porté ces attributs comme un fardeau avec lequel elle devait vivre, constamment traquée, en cavale, incapable de vivre une vie normale au milieu d’individus tous aussi différents les uns que les autres.

Aujourd’hui, elle avait réussi à trouver une ville fantôme, Dawncity, afin de s’établir dans la maison la plus éloignée et la plus proche de la forêt, au cas où elle aurait besoin de s’enfuir en vitesse. Cependant, les chasseurs - elle n’aurait pas su dire comment - étaient parvenus à la retrouver. Ou du moins, ils avaient une vague idée de l’endroit dans lequel elle pouvait se terrer. Avant qu’ils n’arrivent, elle avait glissé sous des lattes de bois. Dans la précipitation, la jeune demoiselle n’avait pas senti la présence d’un autre individu, jusqu’à ce qu’elle se retrouve collée à lui, leurs souffles se mélangeant. Elle s’apprêtait à hurler quand il posa sa main sur sa bouche pour l’empêcher d’éveiller les soupçons auprès de ses traqueurs. Sa phrase lui fit hausser un sourcil. Pour qui se prenait-il au juste ?
Elle attendit que les chasseurs s’éloignent, se retenant de mordre avec férocité la main que l’homme avait posée sur ses lèvres. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine jusqu’à qu’elle puisse commencer à sortir de sa cachette. Il la retint par le poignet, la convainquant d’une voix grave et calme de rester là où elle était. Le danger était cependant partout : dehors, avec le chasseur. Ici, avec cet inconnu. Elle le scruta longuement à travers l’obscurité. Il ne semblait posséder aucun attribut d’hydride, simplement un regard bleu, puissant, défiant toute autorité. Sa barbe de trois jours commençaient à manger ses joues et ses cheveux courts lui donnait un air de chasseur, comme les autres. Sa carrure n’aidait pas non plus et pourtant, elle devait admettre qu’il n’avait peut-être pas tort - mais elle ne pourrait pas lui avouer cela, voyons ?

Lorsqu’il lâcha enfin son poignet, les bruits de pas des chasseurs s’éloignaient doucement. Zaya eut l'air de dégager sa main, comme si elle était toujours maîtresse de la situation. « Vous voyez, ils ne sont pas restés. C’est une connerie votre truc. » Elle se dépoussiéra, ses oreilles s’agitant pour éloigner une mouche qui lui tournait autour. « Puis, comment vous savez ça, vous êtes un des leurs, pas vrai ? Sautant sur la première occasion pour m’assommer et m’emmener avec vous. Après tout, c’est pas une mauvaise idée, plutôt que de partager le butin, vous gardez tout pour vous. »

Il était là avec l'idée de fouiller la maison, certes, de rencontrer cette hybride dont il avait entendu parler en suivant le fameux groupe de chasseur, mais pas pour lui faire du mal, non. Il n'est plus cette personne, ce monstre qu'il a pu être par le passé, il n'est plus cette horreur qui le fait cauchemarder parfois. Les Derniers Hommes sont une histoire ancienne, loin derrière lui et dans celles qu'il préfèrerait oublier de sa propre existence, toutes ces expériences faites dans le but d'un remède qui n'aura jamais vu le jour, ces souffrances endurées par les autres au détriment de quoi ? Rien d'utile selon Zach, et il se demande même si il a déjà vraiment choisi la cause dans laquelle il s'embarquait. Toujours est-il qu'il voyait en l'hybride une manière de se racheter, de peut-être faire entendre qu'elle était comme eux, différente mais pas inhumaine. Ou l'inverse, il n'en sait trop rien, dans tous les cas, ce n'était pas un monstre. Plus il la regardait, plus il en était persuadé.

Alors il tentait de la protéger, de lui intimer de rester silencieuse et cachée, ne la lâchant que lorsque les bruits de pas s'éloignent doucement. Gardant son arme à portée de main, Zachariah l'observe, les sourcils légèrement froncés. " Ils sont.. Bref. Ce ne sont pas des conneries, vous devez être plus prudente. Vous avez bien réussi à survivre jusqu'ici, mais ceux là sont téméraires. " Il inspire longuement, avant de s'éloigner de la cachette, jetant un coup d'œil discret par la fenêtre. " Non. Je ne suis pas l'un des leurs, mais je les observe depuis longtemps. Ils vous cherchent un peu partout, vous avez du vous faire repérer quelque part. " Et là encore, il aimerait lui répéter qu'elle devrait être plus prudente, mais il préfère lui faire face, observant une nouvelle fois sa silhouette avant de soupirer, s'éloignant de la fenêtre au cas où. " Je ne suis à la recherche d'aucun butin, Mademoiselle. Mais vous avez besoin de quelqu'un pour vous protéger, car ils vont certainement revenir, ou du moins continuer à vous traquer. Il est évident que la cabane porte des traces de vie, ils ne vont pas abandonner aussi facilement. " Et ça lui ferait chier de perdre sa première mission autoproclamée, celle de protéger un hybride.

Elle n’avait pas envie de lui donner raison. Elle avait un esprit de contradiction très développé, un besoin de contrôler sa vie - après tout, elle avait vécu cachée si longtemps - mais aussi une indépendance puissante. Zaya se persuadait qu’elle n’avait besoin de personne ; parce qu’elle n’avait jamais eu besoin de personne. Jusqu’ici, elle avait survécu sans problème, sans aide, se démerdant. Jeune, elle avait eu sa mère. Désormais, elle n’avait plus personne. Il y avait eu John mais …
En revanche, pour une demoiselle qui connaît le danger des chasseurs, elle se trouve être un peu naïve. Elle n’avait pas rejeté complètement cet homme qui était intervenu soudainement dans sa maison, elle ne s’en était pas vraiment méfiée. Elle faisait semblant, mais elle oubliait les phrases de sa mère, lui disant de ne faire confiance à personne.
Quand on a passé un long moment seul, la première personne qui semble être aussi gentille que sa mère, on la laisse entrer dans sa vie. C’était plus ou moins ce qu’elle était en train de faire avec ce jeune homme. Il ressemblait à John. Et depuis qu’il était mort, elle devait se débrouiller. Mais s’il pouvait être ce nouveau John … Non !

« Je ne comprends pas l’intérêt que vous auriez à m’aider. » Elle croisa ses bras contre sa poitrine. « Et qu’est-ce qui me prouve que vous n’êtes pas avec eux ? Toujours rien. Je ne vous fais pas confiance, laissez-moi. » La voix de sa mère avait résonné dans son crâne. Peut-être que cela viendrait à la sauver. « Je changerai d’endroits … c’est pas grave. » Mais elle n’en avait aucune envie, parce que c’était grâce à John si elle était encore ici. Cet endroit, c’était son petit cocon de protection. Si elle devait le quitter, où irait-elle ? « Je n’ai pas besoin qu’on me protège. » Sur ces mots, elle retourna près de sa terre, là où elle essayait de faire pousser des pommes de terre, face à la forêt.

Zachariah n'avait jamais été quelqu'un de profondément bon, ou du moins avec le cœur sur la main. Il avait depuis toujours été formaté à répondre aux ordres, à être un bon soldat sans se poser de questions sur le sens profond de ce qu'il exécutait, ne se demandant jamais si c'était bien ou mal ; ou parfois un peu des deux. Pourtant récemment, une première prise de conscience l'avait secoué, et il avait alors décidé de faire cavalier seul, portant encore les stigmates de ce que cette décision lui avait coûté. Alors si il ne tire aucun intérêt matériel à aider cette jeune hybride qu'il a trouvé après plusieurs semaines de recherche - un peu par hasard, puisqu'il était plutôt entrain de traquer le groupe de chasseurs qu'ils viennent de croiser ; Zachariah est persuadé de pouvoir en tirer une satisfaction personnelle qui l'aiderait certainement à calmer ses démons.

" Aucun, j'en ai simplement le souhait. Ce serait dommage de vous voir mourir alors que vous semblez avoir survécu jusque là.. Toute seule. " Du moins, c'était la déduction qu'il en avait fait, en n'ayant vu personne depuis qu'il avait commencé à observer la maisonnée. " Que souhaitez-vous comme preuves ? Je ne sais pas ce que je peux vous fournir, mais je vous garantis que vous avez besoin de ma protection, car ils vont revenir. " dans un soupir, il se mit à la suivre avec une certaine distance, les sourcils légèrement froncés tout en observant avec curiosité - et méfiance - la maison qui les entourent. " Alors vous devriez faire vos affaires maintenant, car ils reviendront, c'est certain. " Et il ne pensait pas si bien dire, car dès que la jeune femme mit un pied dehors, un coup de feu se mit à résonner, balle sifflant trop loin pour les atteindre mais ne pouvant que leur dire que les trois hommes s'étaient cachés dans les bois entourant la maison pour les surveiller.

" Rentrez ! " Serrant les dents, Zachariah avait dégainé son arme, attrapant la jeune femme par le bras pour la ramener à l'intérieur tout en barricadant la porte avec le premier meuble qui lui était tombé sous la main. Se positionnant alors vers une fenêtre, il observait les environs, lisière d'où était venue le coup de feu qui semblait se mouvoir, comme si les hommes approchaient. Après une respiration concentrée, Zach avait tiré une première fois, faisant tomber un des trois hommes au sol ; balle en pleine tête qui avait été radicale. Une autre balle fit ricochet au dessus de la fenêtre, puis une seconde, cette dernière lui atteignant l'épaule alors qu'il se mit à tirer une nouvelle fois, en plein cœur. Il n'en restait qu'un, mais dans un grognement de douleur Zach s'éloigne de la fenêtre pour recharger son fusil, avant de changer de fenêtre, espérant ainsi pouvoir prendre par surprise le troisième homme et lui ôter également la vie.

Peut-être qu'ainsi, l'hybride aura la vie sauve.. Et sa preuve également.
Il a quand même prit une balle pour elle, après tout.

On lui avait appris à se débrouiller seule, à se méfier de ceux qui décident de nous aider car ils n’ont pas toujours un bon fond. Face à cet homme, Zaya appliquait à la lettre ce qu’on lui avait appris avant que son pilier ne disparaisse : ne pas faire confiance aux inconnus, toujours se méfier d’eux car ils ont toujours une bonne raison de nous aider. Si un inconnu te porte secours, dis-toi qu’il a forcément quelque chose à y gagner derrière. Ne lui faire jamais vraiment confiance. Il pourrait te mettre un couteau dans le dos du jour au lendemain, à partir du moment où tu ne sers plus à rien pour cet individu Zaya l’avait entendu des milliers de fois et elle s’accordait pour dire que la plupart des inconnus avaient une bonne raison de les aider. À l’époque, un jeune était venu gentiment, de manière bienveillant, les sortir de la merde avant d’indiquer leur localisation aux chasseurs parce qu’il avait gagné un peu d’argent.

Pourtant, ce n’était pas facile, en pleine situation, de ne pas lui faire confiance. Il semblait tenter de lui prouver à maintes reprises qu’il n’était pas méchant. Autant dans ses paroles que dans ses actes. « Rien ne vous dit que je vis seule. » Peut-être qu’elle aurait dû taire cette information. Avouer qu’elle avait vécu avec quelqu’un n’était pas la meilleure chose à faire. Si elle avait vraiment dû protéger une autre personne, cet homme aurait su qu’elle n’était pas seule. Il aurait peut-être tenté de lui mettre un couteau dans le dos. « Je me défendrai toute seule, je l’ai toujours fait, je m’en sortirai, merci. » lui répondait-elle tout en sortant de la maison. Au moment où elle posa le pied hors de la maison, un coup de feu se mit à retentir et elle sursauta. Frustrée que le jeune homme ait raison, elle marmonna en grognant dans sa barbe. Sans qu’elle ne s’y attende, elle l’entendit dans le même instant lui demander de rentrer tout en attrapant son bras. Zaya se débattit pour se défaire de son entreprise, refusant qu’il ne la touche ainsi, même pour la protéger. Il le vit barricader la porte et elle s’indigna « Eh ! » mais n’ajouta rien de plus. Elle savait qu’il était en train de l’aider et elle avait vu qu’il avait une arme : un poids conséquent dans la balance pour lui laisser le bénéfice du doute. Elle s’éloigna pour attraper toutes les affaires dont elle aurait besoin si elle devait s’en aller. Pendant ce temps-là, elle entendait des coups de feu retentir. Elle l’entendait grogner dans la pièce d’à côté mais n’en tint pas compte. Elle termina de rassembler ses affaires dans un sac à dos puis s’accroupit à l’embrasure de la porte. Combien restait-il d’hommes ? Avait-il réussi à en tuer ne serait-ce qu’un ? Combien étaient à leur poursuite ? Zaya devait en avoir le cœur net. Alors, accroupie, elle se faufila derrière Zach, s’approchant de l’autre fenêtre. Elle leva légèrement la tête pour observer les environs. Elle aperçut un homme, se levant, pointant son arme vers elle. L’instant suivant, la détonation sonna dans l’air et Zaya se baissa pour esquiver le danger. Elle jeta un coup d’œil au jeune homme avec son arme. « Vous attendez quoi pour l’abattre ? »