PART 2 :: La Brasserie

30 SEPTEMBRE 2041
Votre personnage pensait profiter d'un petit peu de normalité avant que le brouillard ne fasse son apparition sur Main Street, mais c'était sans compter sur ce dernier. Votre personnage y prenait peut-être déjà un verre, à moins que ça ne soit le mouvement de foule qui l'ait poussé à l'intérieur. Quoiqu'il en soit, votre personnage est à présent piégé à l'intérieur de la petite brasserie si bondée qu'on doit se tenir debout ou s'assoir par terre. Les chaises et bancs manquent, mais pas l'alcool.

Lors de la signature du traité de paix, déjà, il aurait dû être là. Il aurait dû être aux côtés de ses supérieurs, vu le grade qu’il portait aujourd’hui sur les épaules. Invités par le Ranch, il aurait dû faire bonne figure, montrer que le district 11 n’était qu’une bande de raclures hyper organisée qui dictaient le monde par leurs propres règles. Seulement, au lieu de se rendre au rendez-vous comme c’était prévu, il avait peut-être sentit la pression et l’appréhension se muer dans ses entrailles. Il avait été persuadé d’apercevoir son fantôme dans la foule. Quelque part, ses cheveux blonds avaient flotté dans le vent, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il ne s’agissait pas de Danika. Plus il y songeait, se faisant tout seul des faux espoirs, plus l’attente lui rongeait les entrailles. Lassé, terrassé par cette insatisfaction qui se muait petit à petit en colère, il s’était rapidement éclipsé de la place bondée pour se rendre dans la brasserie et se prendre un verre de whisky au fond du bar. On devait peut-être l’attendre là-bas, ou peut-être qu’on en avait rien à faire de son absence et ce serait tant mieux.
L’ambiance était calme, tranquille, jusqu’à ce que le monde se précipite dans la brasserie. La foule effrayée semblait fuir quelque chose d’invisible, comme si quelque chose les attaquait sans qu’il ne connaisse son ennemi. Alerté, il chercha à se renseigner auprès de la première personne qui se tassa près de lui.

« Y’se passe quoi ? »  

De loin, Danika suivait les traces de Jax, l'ayant vu se diriger vers la place principale du Ranch un peu plus tôt. En cette chaude journée d'été, il se trouvait peut-être à la Brasserie pour se désaltérer. Seul lui pouvait lui en apprendre plus sur Freddy, elle en était certaine. Son mari était-il toujours en vie, dix ans après leur séparation forcée ? N'était-il pas passé à autre chose, si c'était le cas ? S'engouffrant alors dans la brasserie, la jeune femme n'a pas vraiment le temps de regarder la foule qu'elle se fait compresser dans un coin du bâtiment, lorsqu'une horde de personne s'y engouffre, certains semblant plutôt paniqués. Les sourcils froncés, la jeune femme jette un coup d'œil à l'extérieur, se demandant ce qu'il peut bien se passer, écoutant les murmures qui s'élèvent parmi la foule.

Soudainement, un bruit de bagarre semble retentir près du bar. Les têtes se tournent, et Danika essaie d'apercevoir ce qu'il peut bien se passer. Certainement deux personnes d'un clan opposé qui ne peuvent pas se voir. Se redressant de toute sa hauteur, la jeune femme croit apercevoir Jax comme l'un des protagonistes de la bagarre. Fronçant alors les sourcils, l'infirmière tente de se frayer un passage jusqu'au bar, écartant les personnes qui lui barrent la route, jusqu'à finir par arriver auprès des deux hommes.

C'est alors que son cœur rate un battement. Puis un second, tandis que ses yeux d'émeraude se posent sur une silhouette qu'elle a longtemps côtoyé et aimé. L'impression de voir un fantôme, là sous ses yeux. Il semble déchaîné, prêt à mettre en pièce le fameux Jax qu'elle cherchait dans le Ranch, alors que son unique but est désormais là, devant elle, le poing levé. " Freddy.. ? " Bien sur que c'est lui. Certes, il a quelque peu changé, mais il reste Freddy. Son Freddy. Celui qui a fait battre son cœur au premier regard, là-bas en Norvège, où il l'a sauvée il y a si longtemps maintenant.

Il ne comprenait pas pourquoi il y avait soudainement un attroupement dans ce foutu bar. Il aurait aimé être plus tranquille, pouvoir profiter encore de quelques verres en bonne compagnie sans se soucier de ce qu’il se passe dehors. Mais il avait fallu qu’une horde de personnes se rende dans la brasserie, comme si y’avait rien de mieux à faire que d’aller tous se bourrer la guerre avant la fin du monde. Quoique, le monde avait déjà cessé de tourner depuis longtemps - depuis l’arrivée des bestioles, depuis qu’il avait perdu Danika. Plus rien n’avait d’importance maintenant, pas même le pouvoir qu’il avait actuellement en sa possession. Il questionna une femme qui venait de rentrer dans le bar et balbutia qu’il s’agissait d’un truc de spores.

« Nan, impossible. » dit-il en reprenant une gorgée de son verre de whisky.

Éméché, moins lucide qu’à son habitude, il se demanda si le barman n’avait pas foutu quelque chose dans son verre.

« Bah voyons, un nuage de sp … »

Alors qu’il commençait à parler tout seul, une main se posa sur son avant-bras.
La douceur de son geste le transcenda lorsqu’il posa ses yeux sur un visage familier. Il aurait aimé qu’elle soit réelle, mais cette fois-ci, il fut certain que le connard de barman avait foutu un truc dans son verre. Il resta scotché sur son visage, sur son regard bleuté un instant avant de se détourner comme si elle n’existait pas.

« Va t’en …» Elle l’appelait. « Va t’en, tu as disparu ! Tu es morte, je n’ai pas besoin de ton fantôme pour me rappeler que tu n’es plus là ! »

Il se dégagea de son emprise, la colère montant en lui du creux de ses entrailles. Elle est morte, elle ne reviendra pas. Et pourtant, au fond, tout au fond de lui, quelque chose lui dit qu’il ne rêve pas. Qu’elle est bien réelle. Il y avait eu quelque chose dans ce regard qui lui disait la vérité, mais il n’avait tout simplement pas envie de la voir.

Dix ans. Dix longues années d'errance, de souffrance, d'espoir. Et il est là, maintenant, face à elle. Dans un état différent du Freddy qu'elle a connu, pourtant c'est bien son visage, avec dix années supplémentaires. Elle aussi, a certainement vieilli. En une décennie, il se passe des choses qu'on ne peut imaginer. A tel point que Freddy la repousse, visiblement persuadé qu'elle n'est qu'un fantôme venu le hanter. Lâchant alors le bras du soldat, Danika joint ses mains pour les triturer dans un signe évident d'anxiété, ne lâchant pourtant pas Freddy du regard. Morte. Elle n'est pas morte, si il y a bien une chose qu'elle sait, c'est qu'elle est vivante pourtant. Et lui aussi. Pourtant, ses lèvres restent closes tandis qu'elle scrute le visage de son mari, du moins, de celui qui fut son mari. L'est-il encore ?

Alors qu'elle s'apprête à faire un nouveau pas vers lui, son regard croise celui hébété, surpris de Jax. Le voilà enfin. Celui qu'elle a cherché pendant une bonne partie de la soirée. Au final, elle n'aura pas eu besoin de lui pour trouver Freddy. La tête lui tourne, le coup prit tout à l'heure par la foule l'a certainement un peu étourdie, tout comme ce léger filet de sang qui se mêle à ses cheveux. Essuyant rapidement ses joues humides de larmes, Danika tente de se reprendre, reportant son attention sur Freddy avant de nouveau s'approcher de lui, tentant de lui prendre le bras une nouvelle fois, tandis que son autre main se pose sur la joue du soldat. Freddy.. Freddy je ne suis pas morte, je suis là. S'il te plaît Freddy. Écoute moi, touche moi. Je te promet que je suis là, je ne suis pas un fantôme ou quoi que tu puisses penser.. Je suis là. Déglutissant difficilement, la jeune femme essaie de faire abstraction du mouvement de foule, se tenant fermement accrochée à Freddy, se refusant de le lâcher, de le perdre une nouvelle fois. Pas après l'avoir cherché pendant autant d'années.

Il n’aurait pas pu imaginer que son fantôme se matérialise à ses côtés. La colère de ses entrailles s’amplifia davantage en entendant une autre voix familière dans son dos. Il était pourtant difficile de distinguer ce qui était vrai et ce qui était faux. L’alcool dans ses veines faisait monter certains excès, le rendant particulièrement agressif contrairement à d’habitude. Sa vision n’était d’ailleurs pas totalement nette et les mouvements de foule commençaient à le rendre quelque peu nerveux. Alors que son regard aperçu une tête familièrement détestable, le fantôme de Danika s’acharna pour lui faire croire qu’elle était réelle. Elle s’accrochait à lui comme un mauvais rêve, comme une pure hallucination. Elle s’accrochait pourtant puissamment pour une ombre fugitive dans son monde. Et pourtant, il décida de ne pas tenir compte de cette constatation, la repoussant à nouveau. Lâche-moi, putain ! clama-t-il en se détachant d’elle, à nouveau, la perdant dans la foule. Il n’avait désormais qu’un objectif depuis qu’il avait vu son visage : s’en prendre à Jax. Car si le monde ne tournait pas rond aujourd’hui, c’était de sa faute. Si sa soeur avait été exécutée, il en était le seul responsable. Les dégâts de l’alcool rendaient Freddy très peu lucide, surtout lorsqu’il se jeta sur Jax pour le frapper au visage. Tu l’as tuée ! C’est de ta faute, si elle est morte … Et tu paieras pour ça !

Il n'était plus celui qu'elle a connu. Celui qu'elle a aimé. L'homme qu'elle voit en cet instant est méconnaissable. Pourtant, c'est bien Freddy. Éméché comme elle ne l'a encore jamais vu. Elle comprend, bien entendu, ce qui peut l'avoir amené à être ainsi. Mais Danika ne supporte pas la vue de Freddy dans cet état, ses supplications pour essayer de le ramener à la réalité. Mais lorsqu'il croise le regard de Jax, Freddy semble avoir complètement oublié Danika. Il la repousse même, et elle se fait happer par la foule, bousculée. Son dos heurte le coin du bar, tandis qu'elle s'accroche à ce dernier, ne pouvant cette fois retenir les larmes qui roulent sur ses joues. Oubliée. Elle n'existe plus pour lui, il a probablement fait son deuil.

Déglutissant péniblement, Danika ne fait pas attention aux personnes qui sont encore là. Difficilement, elle se faufile jusqu'à l'arrière du comptoir, ayant le temps de voir Freddy se jeter sur Jax. La foule continue de se mouver dans la brasserie, prenant tout l'espace disponible. S'agenouillant derrière le bar, Danika attrape un seau d'eau, y glissant quelques glaçons avant de le remplir d'eau glacée. Le posant ensuite sur le comptoir, elle s'y glisse difficilement, assez pour se retrouver derrière Freddy et Jax. Sans leur laisser le temps de continuer leur bagarre, Danika attrape le seau d'eau, avant de le jeter sur celui qui fut son époux. L'eau, particulièrement froide, à souvent l'effet de ramener les personnes trop éméchées à la raison. Stop ! Freddy je t'en prie, Jax, arrêtez ! Ce n'est ni le moment, ni le lieu. D'autres habitants probablement éclaboussés ne semblent pas vraiment satisfaits de ce qu'elle vient de faire, mais il n'y avait pas d'autres moyens. Toujours assise sur le bar, Danika fixe Freddy et Jax, le seau entre les mains, espérant que son époux revienne à la raison.

@Jax

Il avait su qu’il passerait un sale quart d’heure au moment même où il avait croisé son regard. Freddy. Frère d’un temps, frère perdu. Beau-frère même, il y a longtemps. Sauf que ce dernier lui avait toujours reproché la mort d’Eve, de la même manière dont il s’en était lui-même blâmé. Parce qu’il aurait dû l’empêcher de se mêler à la rébellion, l’empêcher d’aller aussi loin, de s’impliquer jusqu’à faire partie de ces visages qui avaient dû être raturés, exécutés. Du moins, c’était ce qu’il en pensait, et de camaraderie franche, leur relation avait soudain pourri, pour devenir le siège de la haine viscérale que Freddy lui portait. Il ne lui en avait pas voulu, du moins au début ; puis lorsqu’il s’était fait spectateur silencieux des horreurs qu’on lui avait infligé au district onze, Jax n’avait pas pu faire autrement que d’être secoué par l’injustice de son comportement. Il ne détestait pas Freddy, mais le regarder en face était devenu plus difficile, plus douloureux encore ; sans doute aussi parce qu’au creux de ses traits, il retrouvait son visage à elle.
Ça faisait maintenant des années, qu’ils ne s’étaient pas croisés. Plus de trois, un fossé immense que le temps n’avait pourtant pas pu combler ; y’avait qu’à voir le regard déchaîné qu’il lui a lancé. C’était juste avant de se jeter sur lui, avec la force des lions prêts à déchiqueter. Son corps s’abat contre le sien, et Jax doit reculer d’un pas sous le poids de ce dernier, si bien qu’il ne parvient pas à éviter le premier crochet du droit que son ancien frère lui lance. Il reçoit le coup en pleine arcade, pousse un grognement de douleur et attrape l’avant-bras de l’homme pour le bloquer. Face à lui, le visage tordu de douleur d’un frère qui a trop perdu, trop morflé, le regard englué d’une douleur morbide. Mais le pire, c’est sûrement les mots qu’il lui lance : tu l’as tuée.
Oh, Freddy lui avait déjà balancé ce genre de phrases auparavant. Mais les syllabes n’en étaient pas moins douloureuses, terriblement pénibles à entendre : car s’il avait finalement réussi à se convaincre qu’il n’aurait rien pu faire pour échapper à cette tragédie, une part de lui réussissait encore à douter, lorsque Freddy le lui rappelait. Culpabilité harassante qui le cloue de nouveau, après toutes ces années. L’haleine chargée d’alcool rebondit sur son visage, et Jax renforce tant bien que mal sa prise sur les avant-bras du soldat pour l’immobiliser, puis le repousser d’un mouvement sec.

— T’es complètement bourré, Freddy. Crache t-il. Putain, tu sais bien que j’y suis pour rien, tu sais bien que j’aurais pas pu l’en empêcher, tu sais comment elle était.

Rien à faire, l’usage de l’imparfait lui arrache toujours la langue, même après tout ce temps. Et soudain, c’est un sceau d’eau qu’il voit se déverser sur le crâne de l’homme, lui arrachant un mouvement de recul. Derrière, le visage de Danika, en proie au désarroi. Vision absurde à laquelle il ne comprend rien, qu’il est trop bousculé pour saisir. Mais il lui adresse un hochement de tête en signe de remerciement. Il ne savait même pas qu’elle était vivante. Elle non plus. Comme tous ces fantômes du passé qui ne cessaient de réapparaître dans son monde chamboulé.

Elle lui manquait, terriblement. Chaque instant de sa vie était partagé entre le déni et la colère. Il avait accepté la disparition de sa femme, mais pas celle de sa soeur. Il avait toujours considéré Jax comme responsable de sa mort, incapable de lui pardonner, qu’il soit innocent ou non. La vérité était que Freddy ne pouvait supporter le poids de tous ces morts sur les épaules. Il se sentait déjà tant coupable de la mort de sa femme qu’il était impossible pour son cerveau de se dire qu’il puisse être aussi coupable de la mort de sa soeur. Il avait le sentiment que toutes les femmes de sa vie quittaient sa vie dans un claquement de doigts, sans qu’il ne puisse rien faire. Sa mère. Sa sœur. Sa femme. Et lui, au bord du gouffre, partagé entre l’envie de sauter et celle de s’accrocher, fatigué de se battre dans une vie où on lui avait arraché par trois fois le cœur. Comment vivre, comment sourire après avoir perdu tant de personnes chères à ses yeux en restant complètement impuissant, dans le désarroi, face à leurs envolées célestes ? Il était tellement plus facile de se réfugier dans la colère et le déni plutôt que d’admettre qu’on avait mal au cœur. Il était plus facile de blâmer son frère d’armes et son ex-beau-frère, de lui arracher l’arcade de son coup de poing, quitte à se casser la main, plutôt que d’accepter l’absence des morts.

L’alcool insufflé dans ses veines n’arrangent en rien ses pensées qui frappent les murs de sa caboche, faisant pulser la veine qu’il possède à la tempe. La clé de bras de Jax lui donne envie de se débattre et de continuer de s’enrager plutôt que de constater qu’il était devenu une bête de foire au milieu de la brasserie bondée. Vision alterée, floue, son regard est incapable de se fixer sur quoi que ce soit. Il est impossible pour lui de reconnaître un visage familier. Il n’entend que la voix de Jax au creux de son oreille qui lui crache son innocence. Mais Freddy est aveuglée à nouveau par la rage au creux de son ventre et se débat, hurlant quand Jax resserre son emprise. Mine de rien, au fond de lui, à l’intérieur de ses entrailles, la douleur l’apaise, calme ses ardeurs. Pire encore lorsqu’un seau d’eau glacé le trempe soudainement. C’est comme un interrupteur on-off qu’on vient de griller, la fraîcheur plonge la colère dans la glace et son regard se fixe sur ce visage familier, assis sur le bar. Ce visage perdu. La voir lui glace le sang, si bien qu’il frissonne - peut-être cela vient-il du seau qui vient de se déverser sur lui, qui sait ? « Dani … » Son prénom se perd dans un souffle. Il se tourne légèrement vers Jax, comme il peut, le bras verrouillé. « Is she here ? Do you see her ? » Il n’entend pas sa réponse, se contorsionne pour voir la réaction sur son visage sans y parvenir. « Am I crazy ? » demande-t-il en se tournant à nouveau vers le visage doux, ces longs cheveux blonds, ce regard bleuté, sa peau de porcelaine. Il secoue la tête de droite à gauche, incapable d’y croire, persuadé qu’il est hanté par son fantôme, que ce n’est que la serveuse du bar qui lui a jeté un seau d’eau pour qu’il arrête de se battre.

La situation était grotesque, et terrifiante à la fois. Voir Freddy en venir ainsi aux mains, avec celui qui était autrefois son meilleur ami, c'était incompréhensible pour la jeune femme. Qu'avait-il pu se passer, pour qu'ils soient en aussi mauvais termes ? Incapable de les raisonner, incapable de faire en sorte que le blond l'écoute et réalise qu'elle était vraiment la, Danika les regardait simplement se battre avec le cœur déchiré. Tout était vraiment trop confus pour la jeune femme, en cet instant. Pourtant, sans trop savoir comment, elle eut soudainement l'idée de leur verser un seau d'eau sur la tête. Dehors, les choses semblaient aussi dégénérer, aussi il était indispensable pour la jeune femme d'essayer une nouvelle fois de raisonner son époux avant qu'ils ne prennent le risque d'être séparés de nouveau. Elle venait à peine de le retrouver, et il était là, sous ses yeux. Différent, certes, mais une décennie était passée. Ils avaient tous les deux vécus des choses, aussi, il était évident qu'ils avaient changés. Se glissant derrière le bar, Danika se hâte de remplir un seau d'eau avant de grimper sur ce dernier pour le verser sur leurs têtes. Aussitôt, le combat semble s'arrêter, tandis qu'elle reste là, pantoise.

De ses yeux clairs et rougis par les larmes, Danika se contente de fixer le visage de Freddy, le regardant reprendre lentement contenance en même temps que Jax semblait le tenir. D'un regard entendu avec ce dernier, il finit par lâcher le blond puis par reculer d'un pas en levant les mains, faisant signe à son ancien ami qu'il ne voulait pas relancer le combat. Lentement, alors, toujours un peu sonnée par cette plaie à la tête, Danika descends du bar pour planter ses pieds face à Freddy. Une larme roule sur sa joue, puis une autre, avant qu'elle ne se décide finalement à prendre les mains du blond dans les siennes pour les serrer. " I-I'm right here.. I'm.. Everyone sees me.. Y-You're not crazy, Fred.. " Une nouvelle larme roule sur sa joue avant qu'elle n'éclate en sanglots, serrant les mains du blond dans les siennes. Les émotions sont trop fortes, en cet instant. Il l'a vue. Il ne l'ignore plus. Lentement, elle se laisse glisser contre le torse du soldat, enfouissant sa tête légèrement ensanglantée contre le tee-shirt de Freddy, les larmes ne s'arrêtant plus de couler.

Il faut croire que l’alcool est bon pour lui jouer des tours. Depuis plus d’une décennie, Freddy n’avait pas revu Danika, persuadé qu’elle avait été tuée lorsque tout avait dégénéré. Il avait connu tellement de personnes ayant perdu la vie après l’apocalypse que Freddy n’avait jamais envisagé la possibilité que Danika soit encore en vie. Il y avait pourtant cru pendant plusieurs années. Il s’était persuadé qu’elle était encore là, quelque part. Il s’était battu pendant très longtemps avant de se résigner. À force de vécu, de phrases balancées comme ça, de l’alcool. À cause du manque qu’il ressentait toujours au fond de lui, à cause des souvenirs, à cause d’un foutu espoir qui le rendait bougon. Il était resté persuadé qu’elle devait être là, quelque part. Puis une décennie était passé et il était temps pour Freddy de commencer à penser à autre chose. Il avait refoulé les sentiments qui l’habitaient concernant la disparition de sa femme pour ne pas avoir à faire face à ce qu’il ressentait. C’était trop dur de se dire qu’elle n’était plus là, dur d’aller de l’avant, mais une fois qu’il avait passé le cap pour le faire et qu’il avait tout enfoui au fond de lui, Freddy était devenu un homme différent.
Son subconscient avait continué à le hanter de la présence de Danika, dans ses rêves comme dans la vraie vie, sans qu’il ne puisse rien y faire. Et il se retrouvait aujourd’hui, dans cette brasserie, le fantôme de Danika encore sous les yeux, avec un ancien meilleur ami qui lui avait infligé la pire des trahisons.

Freddy riait comme un fou, incapable de se rendre compte de ce qu’il se passait. Il cherchait, malgré lui, l’approbation dans le regard de Jax. Il attendait qu’il lui dise qu’il n’y avait personne dans cette brasserie, que Danika ne venait pas de leur jeter un seau d’eau pour les séparer et tenter de lui éclaircir les idées ; Elle n’est pas réelle, tu es fou, Freddy. Pourtant, les messages de la réalité sont différents. Le regard de Jax lui fait comprendre qu’il semble aussi surpris que lui de la voir ici, mais qu’elle est bien là. Lorsqu’elle vient pour prendre ses mains et capter son attention, c’est comme un électrochoc. Bien que sonné, Freddy réalise doucement. D’abord par la douceur de ses mains, des mains qu’il pourrait reconnaître entre mille pour les avoir tenues tant de fois. En levant les yeux sur son visage, il y lit des émotions d’une puissance indescriptible, mais qu’il comprend avec une parfaite clarté. Ce sont les larmes d’une femme troublée par le comportement de son mari, une femme qui, malgré tout, retrouve son mari après dix ans d’absence, de recherches et d’espoirs. Ce sont les larmes de sa femme, qui vient de blottir dans ses bras et qu’il serre machinalement, en posant une main sur ses cheveux.
Encore sonné, son regard passe de Jax aux personnes de la salle, dans laquelle il y découvre des regards de compassion, d’incompréhension, de colère aussi - mais bien moins nombreux. Le calme retombe alors subitement dans la salle, et Freddy reste encore les yeux dans le vide. Il défait son étreinte pour attraper le visage de sa femme entre les mains, prenant le temps de l’admirer, de s’assurer qu’elle est bien vivante, qu’elle existe, qu’il ne délire pas, ne rêve pas. Et c’est la pureté de son regard qui lui fera reposer les pieds sur Terre. « Oh god … I’m so sorry, Dani … I’m so sorry. I thought … I thought you were dead … I’ve seen you so many times in my dreams, in real life even though you weren’t there and I … » Un larme de soulagement glissa sur sa joue avant qu’il ne la serre à nouveau dans ses bras.

Une décennie s'est écoulée depuis qu'elle a vu Freddy pour la dernière fois. Clairement, elle ne s'attendait pas à le trouver ici, à se battre contre Jax. Elle est incapable de comprendre la tourmente qui sévit entre les deux, elle se contente simplement de raisonner son mari. Parce qu'il ne comprends visiblement pas la réalité dans laquelle il se retrouve, et un instant Danika se demande si ce n'est pas le coup qu'elle s'est prise à la tête qui la rend sonnée, qui fait qu'elle imagine Freddy alors que c'est peut-être un total inconnu. Mais petit à petit, le calme retombe dans la salle, et Danika en profite alors pour s'approcher alors que les larmes inondent son visage. C'est lui, elle le sait. Après dix longues années, il est enfin là face à elle. Alors Danika insiste, vient se blottir contre lui, forcant le contact. Et quand elle sent ses bras qui se serrent autour d'elle, cette main dans ses cheveux, Danika pousse un profond soupir de soulagement alors qu'elle serre Freddy contre sa poitrine, crispant ses doigts sur le tee-shirt du blond. Il est enfin là. Elle peut sentir son odeur, elle peut entendre son cœur battre. Finalement, elle l'a retrouvé. " You're here.. " Elle murmure, fermant les yeux tout en nichant sa tête dans son cou.

Lentement, Freddy se recule en défaisant leur étreinte, et Danika le laisse attraper son visage entre ses mains. Elle lève les yeux vers le visage de son mari, scrute ses traits vieillis par le temps, mais pour autant c'est bien lui. Ils ont juste dix ans de plus. Un sourire se forme lentement sur ses lèvres alors qu'elle pose ses yeux dans ceux du blond, et elle pose délicatement sa main sur sa joue pour lui essuyer cette larme qui roule, avant de revenir se blottir dans ses bras. Glissant les siens autour de la nuque de Freddy, Danika niche sa tête dans le cou de l'homme, se délectant de la délicieuse sensation que de l'avoir dans ses bras. " It's.. It's alright.. I never stopped to believe you were alive somewhere.. Everyone was telling me to let go, but I knew.. I knew I would find you.. I'm so sorry, Freddy.. I missed you so much.. " Elle aurait milles questions à lui poser, cette envie de savoir ce qu'il a vécu, pendant cette décennie. Mais pour le moment, la jeune femme profite simplement de l'étreinte, reculant juste sa tête pour regarder Freddy dans les yeux. Elle meurt d'envie de sentir de nouveau ses lèvres contre les siennes, mais elle se retient, glissant son index sur la joue du blond délicatement. " Can.. Can I kiss you.. ? " S'humectant les lèvres, Danika le regarde, caressant sa joue du bout des doigts, comme si il risquait encore de s'envoler. Il est vraiment là.

La tension était à son comble quand il était entré dans la brasserie, l’alcool dans son sang n’avait pas arrangé les choses, encore moins lorsqu’il avait aperçu Jax à travers son regard embrumé et rempli de haine. Les disputes, les cris, fusaient déjà quand ils s’étaient tous entassés soudainement, le brouillard créant une panique soudaine dans l’esprit des gens. Freddy ne savait pas très bien si elle lui avait été transmise par les autres ou si elle résidait déjà au fond de lui avant que le brouillard ne réveille ce beau petit monde.
Quoi qu’il en soit, son sang n’avait fait qu’un tour à l’instant où il avait aperçu Jax. Et il avait encore cru que Danika était un énième fantôme venant la hanter. Au fond de lui, après la réaction qu’il venait d’avoir, constatant qu’elle avait été sans précédent, il se demandait s’il méritait son rôle de sous-commandant des forces Alpha. Une personne aux commandes n’était-elle pas censée garder son sang froid ? Il sent néanmoins que tout contenance s’éloigne de son corps lorsqu’elle se blottit contre elle et qu’il sent enfin la réalité le frapper.
Elle est brutale.
Elle fait mal.
Mais elle fait aussi tellement de bien.
Il retrouve enfin sa femme après dix ans de séparation, dix ans loin d’elle, à continuer de l’aimer, à espérer chaque jour qu’il la retrouvera, qu’elle reviendra, qu’elle réapparaîtra. Il repensait à cet instant à toutes les fois où il avait douter de la retrouver, toutes ces nuits d’insomnie à prier de pouvoir la serrer à nouveau dans ses bras, de pouvoir s’endormir contre elle tout en sentant son odeur, son nez posé dans sa nuque. Il avait rêvé de tous ces moments perdus, loin l’un de l’autre, de toutes ces victoires solitaires, de toutes ces fois où il avait laissé exploser sa rage par simple manque et par peine.

Et aujourd’hui, elle était là, dans ses bras. Et son odeur emplissait enfin ses narines. L’être le plus cher de ce monde lui était revenu, comme si on avait décidé d'exaucer ses prières en le découvrant au bord du gouffre. On lui redonnait enfin une raison de vivre après avoir tout perdu (comme sa sœur, et son frère de cœur). Il prend le temps de scruter les traits de Danika, avec dix ans de plus. Elle ne semble pas avoir pris une ride, elle est toujours aussi ravissante, d’une beauté qui le rend toujours aussi fou. Et elle pose sa main sur sa joue, se souvenant comment il était tombé amoureux d’elle autrefois. Il la sent se blottir à nouveau contre elle et venir glisser ses mains dans sa nuque. Il sent l’apaisement pénétrer son âme en un instant, oubliant le bruit alentour. Après la bagarre avec Jax, le monde s’était tu pour regarder la scène de retrouvailles. Les chuchotements avaient repris doucement et désormais, les voix reprenaient contenance mais Freddy n’entendait qu’une douce mélodie dans ses oreilles, comme s’il était en train de danser avec sa femme sur leur chanson préférée.
Il avait perdu espoir. Pas elle.
Et elle lui demandait de l’embrasser. Il en mourrait d’envie. Elle en mourrait d’envie. Et le public pourrait certainement d’envie d’une romance à l’eau de rose où les tourtereaux se retrouvent de manière complètement improbable dans un foutu bar pendant qu’un gaz se déverse dans la ville. Alors il l’embrassa sans même prendre le temps de lui répondre, bien trop attiré par ces lèvres qu’il n’avait pas frôlées depuis dix ans. Il céda sans hésitation à la demande venant de ses entrailles de vérifier qu’elle était bien là. Et ce fut probablement le baiser le plus long de leur couple, le plus intense, au point de ressentir des milliers de papillons s’envoler dans son ventre. Son corps se relâchait totalement au fil des secondes. Le monde s’arrêta de tourner. Le temps s’arrêta de filer. Et le public applaudit et poussa quelques cris d’excitation. Ils rappelèrent au couple qu’ils n’étaient pas seuls au monde. Ils firent décrocher un sourire au beau blond, mais ne l’empêchèrent pas de profiter davantage des lèvres de sa femme qui lui avaient bien trop manquées pour que qui que ce soit ne puisse les interrompre.

Elle a l'impression d'être dans un de ces rêves qu'elle a si souvent fait, celui où Freddy réapparaissait soudainement, et qu'ils se retrouvaient comme si dix ans n'étaient pas passés, qu'il n'y avait pas eu toutes ces tortures, ces moments difficiles, ces pertes. Comme si le temps s'était arrêté, et qu'il reprenait enfin dès lors qu'elle était dans ses bras. Pourtant, ils ont chacun prit une décennie, autant d'années à vivre loin l'un de l'autre, et si c'était un supplice, les retrouvailles n'en sont que plus fortes. Alors Danika se fiche bien de ceux qui peuvent les regarder, qu'il y a Jax là quelque part, elle glisse juste ses mains sur ce visage un peu plus mature, mais toujours aussi beau et séduisant. Et y a cette question murmurée tout contre lui, à lui demander la permission pour l'embrasser, parce qu'en dix ans, Freddy a pu vivre de nouvelles choses et ce serait normal, ils se croyaient perdus tous les deux, et pourtant les voilà l'un contre l'autre.

Freddy ne lui répond pas, et pourtant, elle sent les lèvres de son mari s'écraser contre les siennes. Y a un soupir de soulagement, aussitôt arrêté par ce baiser qui commence, long et langoureux, comme si ça ôtait le moindre dernier doute sur leurs retrouvailles. C'est bien réel. Elle sent son odeur, son souffle contre le sien, ses lèvres sur les siennes et tout lui semble normal, comme si le monde pouvait enfin se remettre à tourner correctement. Elle en a oublié le brouillard, les gens autour d'eux, la blessure sur le côté de sa tête, y a juste ses mains qui s'accrochent à cette nuque, cette envie de l'embrasser encore. Et quand le monde autour d'eux se met à s'agiter, applaudir, Danika a un léger sursaut en venant se plaquer un peu plus contre Freddy, avant qu'elle ne sourit à son tour, relâchant la tension dans ses muscles. Sans plus attendre, elle revient l'embrasser, glisse une main dans les cheveux blonds avant de se glisser sur la pointe des pieds pour caler son visage tout contre le sien. " You're here.. I missed you so much.. I love you. " Parce que les mots sont naturels, qu'elle a toujours su lui dire avec facilité, que c'est probablement la première phrase qu'elle a su dire sans problèmes en anglais, puisque ce n'est pas sa langue natale. Doucement, Danika reprend son appuie sur ses pieds, et elle se détache un peu pour attraper la main de Freddy et l'entraîner derrière le comptoir, pour qu'ils aient un peu moins de foule autour d'eux. La, elle revient se lover contre lui, accrochant ses mains sur le tee-shirt du blond. " I don't.. I don't want to leave you anymore, again, Fred.. I'm scared of loosing you for real.. " Parce que dix ans, c'était déjà une éternité sans lui.

Freddy se rend compte au moment d’embrasser Danika que tout au fond de lui, même quand il avait perdu espoir, il n’avait jamais cru qu’elle puisse être morte. Pourquoi ? Il n’en savait rien. L’instinct sûrement. Mais son comportement en disait loin sur ce qu’il avait cru pendant toutes ces années. Sur les derniers mois, il avait surtout sombré dans l’alcool et l’impulsivité. Il avait même failli perdre son poste de sous-commandant plus d’une fois à cause de ses conneries. Malgré tout, son travail pour son équipe, son implication, sa capacité de leader, avaient fait qu’il avait pu garder son poste encore quelques temps, malgré les menaces.
Comment savait-il qu’il n’avait jamais perdu espoir ? Peut-être parce qu’il n’avait jamais désiré d’autres femmes que Danika. Ou peut-être une, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Parce qu’en dix ans, faut bien assouvir ses pulsions sexuelles. Pourtant, toutes celles avec qui il n’y avait eu qu’une nuit avaient de longs cheveux blonds, des yeux bleus et une peau de porcelaine. Pendant l’acte, Freddy ne voyait plus que le visage de femme et quand il disparaissait, il regrettait son acte, il ressentait le manque. La femme avait lui n’avait pas son odeur, ses mimiques, son esprit. Elle n’avait rien de tout ça, il la repoussait, comme un connard qui n’est là que pour baiser. La réputation sexuelle de Freddy était à la fois bonne et mauvaise. Il était mignon, charmeur, mais il avait l’affreuse tendance de vous jeter comme une vieille chaussette après l’acte ou vous appelait Danika pendant qu’il le faisait. Parfois, il disait je t’aime, en pensant le dire à elle. Il devenait presque fou. Et les seules femmes qui n’étaient pas déçues de ces nuits à ses côtés étaient celles qui n’attendaient strictement rien en retour.

Il regrettait, pendant qu’il embrassait Danika, d’avoir été voir ailleurs. Tout comme il aurait parfaitement compris qu’elle le fasse aussi, pour retrouver la sensation que c’est, de faire l’amour. Dix ans. Dix ans d’absence. Mais pas dix ans d’abstinence, impossible. Il avait fallu qu’ils se perdent dans les bras de quelques femmes pour supporter cette absence au creux de son cœur, ce vide intersidéral qu’il tentait de remplir depuis des années. Aujourd’hui, elle était là, dans ses bras. Il avait ses lèvres contre les siennes. Elle était bien réelle. « Oh Danika … » souffla-t-il doucement. « I missed you too. So much. » Il la serra fort dans ses bras. « I love you, I love you, I love you … » Il l’embrassa entre chaque je t’aime, essayant tant bien que mal d’exprimer par des mots et des gestes son cœur débordant d’amour sans être capable de lui montrer l'entièreté des sentiments qui le traversaient en ce moment. Il était heureux, d’un bonheur immense, inattaquable. « I’m not going anywhere, I promise. But how … » Il avait envie de lui poser tout un tas de questions, de comprendre. Où ? Quand ? Comment ? « Wait. Come. » Alors il l’attira vers un coin tranquille dans le bar, malgré le fait qu’ils soient tous entassés. Il tenait sa main, la tira, jouant des épaules pour s’isoler avant de l’attirer de nouveau contre lui. « Tell me. How did you … how did you survived ? »

Y a cet apaisement à sentir les lèvres de Freddy tout contre les siennes, son corps collé contre sa poitine. Ses mains se glissent dans la nuque du blond, à caresser ses cheveux, à se sentir juste bien à être tout contre lui, parce que si il n'a jamais cessé de lui manquer, elle ne se rendait pas compte d'à quel point. Il lui a semblé vivre une éternité sans lui, où les cauchemars ne cessaient pas, et maintenant qu'il était là, Danika craignait juste d'être séparée de lui à nouveau et que tout recommence. Parce qu'ils ont été trop nombreux à lui dire qu'elle devait abandonner, que Freddy n'était plus et qu'il fallait juste tourner la page. Ce que Danika a toujours refusé de faire, parce qu'il était son âme sœur et que sans lui, elle n'avait plus de raison d'exister. Et elle avait raison d'y avoir cru jusqu'au bout, parce qu'il était là, dans ses bras. Et Danika se fichait bien qu'en dix ans, il ait pu se perdre dans d'autres draps, du moment qu'aujourd'hui ils avaient une chance de se retrouver, c'était tout ce qui compter.

Elle, n'avait pas eu le désir de tenter d'aller voir ailleurs. Les seules fois où cela avait été fait, c'était bien loin des souvenirs agréables qu'elle en gardait avec Freddy, c'était austère et sans son total consentement, cette manière de s'offrir pour garder de la protection. Alors depuis qu'elle était au Ranch Ortega, Danika avait prit soin de panser ces blessures, mais personne n'avait partagé sa couche, qu'elle si refusait parce que ça ne pourrait jamais remplacer Freddy. Et il était là aujourd'hui, à l'entraîner dans un coin calme, plus intime, et la jeune femme sourit à l'entendre lui dire qu'il l'aime, alors qu'elle essuie les dernières larmes qui ont roulé sur sa joue. Isolés, elle pu se blottir à nouveau contre lui, haussant un peu les épaules en l'entendant. " Barely. I don't remember exactly.. I know I tried to find you, but I lost my way.. And.. And I found groups, to help me survived, but they weren't good people Fred, you know.. But.. A few years ago, I found this place, they help me get better, as long as I helped them with the medical.. " Elle hausse un peu les épaules, à nouveau, pour minimiser tout ça, avant de lever les yeux vers lui. " And you.. ? The Ranch, they told me our District doesn't exist anymore.. How did you survive and end up in the 11'th ? "

Il n’aurait jamais cru cela possible : retrouver Danika. Pendant les premières années, il avait tout donné, il était passé par de nombreuses phases. Le déni, la peur, la colère, il avait repoussé tout le monde, il avait cherché en vain, quitte à se faire renvoyer du district ou rétrogradé pour insubordination. Il avait rendu tout le monde coupable quand au fond, il n’y avait personne de coupable. C’était simple la vie. Il avait voulu tout détruire sur son passage, alimenté d’une rage sans merci, effondré de perdre sa femme et sa douce petite fille, même pas âgée d’un an. Et aujourd’hui, il avait devant lui, en chair et en os, Danika. Danika, retrouvée par hasard, dans un bar avec Jax, auquel il reprochait la mort de sa sœur. Freddy avait tout perdu dans cette crise. Une soeur, une femme, une fille. Sa mère n’était déjà plus de ce monde avant la crise. Freddy aurait pu tenir le coup si sa sœur n’était pas morte mais malheureusement, la vie en avait à nouveau décidé autrement. C’était ce qui avait provoqué la lourde chute de Freddy. Mais il sentait un air nouveau désormais, il avait la sensation de sentir que maintenant, la vie ne lui échappait plus. Elle lui redonnait une seconde chance.

Il écoutait sa femme lui expliquer tout ce qu’il s’était passé depuis qu’ils avaient été séparé. Il sentait dans sa voix qu’elle avait été brisée elle aussi par la crise et qu’elle avait fait ce qu’elle avait pu pour survivre. Elle avait fait ce qu’il fallait.
Et il regrettait. Il regrettait tellement de ne pas avoir pu être là pour elle. « Hm, it’s only been five years, actually. I did what I had to do. They found me useful as an engineer so … » It was easy. Il ne souhaitait pas le dire mais au fond, il savait que Danika en avait carrément plus bavé que lui. En songeant à cette époque, il repensa à sa petite fille d’un an que Danika avait emmené avec elle dans l’espoir de trouver de quoi la soigner. Qu’était-elle devenue ? Avait-elle réussi à la sauver, était-elle devenue une jolie petite gamine de dix ans ? « Maybe I ask … hm, how is … how is our d… » Freddy n’eût pas le temps de terminer sa phrase, le mouvement de foule était en train de les emporter vers l’extérieur. « Regardez ! Le brouillard a disparu, on peut sortir ! » Et tous se précipitèrent, emportant par la même occasion le couple à peine retrouvé. Freddy voulut attraper la main de Danika mais il ne fut pas assez rapide. « Danika ! Danika ! »

Il avait son fantôme près d’elle, il était sûr d’avoir retrouvé Danika. Il était persuadé qu’elle était en vie. Car même si il ne l’avait senti près d’elle que quelques minutes, Freddy savait qu’elle était en vie. Il n’y avait aucune raison désormais qu’il ne se pose des questions. Bien sûr, il s’interrogeait sur beaucoup de sujets à propos d’elle, à commencer par comment elle avait fait pour survivre, qu’avait-elle vécu toutes ces années, où était leur fille. Il n’avait pas eu le temps de poser sa question qu’un mouvement de foule les séparait à nouveau. Paniqué, Freddy tentait d’aller dans le sens inverse de la foule. Même si l’alcool coulait encore puissamment dans son sang, il parvenait à rester lucide. Parce qu’elle était là. Parce qu’elle était en vie. Et qu’il était hors de question qu’il ne la perde à nouveau.

Avec brutalité, Freddy joua des coudes, poussa, manqua de frapper pour pouvoir la rattraper. Mais malgré sa ferveur, ce n’était pas suffisant. Il finit par être emporté dans la rue, et attendit que le flux se calme pour courir vers le bar, espérant qu’elle soit encore dedans. Il avait regardé les visages de la foule mais il se doutait qu’elle n’aurait pas été de ceux qui courent ainsi. Lorsqu’il la vit enfin, une vague de soulagement la submergea. Elle avait le visage bouffi, les yeux ruisselant de larmes. Freddy la prit dans les bras sans un mot, sans question. Il l’embrassa, sécha ses larmes de ses pouces, et acquiesça avant de prendre sa main. « Allons-y, je te suis. » Il laissa la jeune femme l’emmener jusqu’à une petite cabane en bois, isolée des autres. « C’est ici que tu vis ? » Il ne s’étonna pas de la sobriété de l’endroit, cela lui ressemblait. Une question lui brûlait encore la langue mais il préférait attendre qu’ils entrent et qu’elle se calme.